15 janv. 2008

Nouveau blog

Ceux qui viennent directement sur le blog l'auront remarqué, j'ai complètement changé l'apparence de mon blog. Je suis passé sous Wordpress, qui présente de très nombreux avantages de gestion par rapport à Blogger, qui est finalement assez peu pratique bien que le concept ait été racheté par Google. Bref, si vous suivez mes interventions par le biais des flux RSS, je vous invite à supprimer l'entrée et à la renouveler depuis la page sur laquelle vous devriez arriver en allant sur http://eirederien.free.fr.

Ca m'a pris du temps mais vous devriez retrouver tous mes anciens articles, bien organisés comme il faut.

A très bientôt ;)

9 déc. 2007

Le créationnisme et l'orthographe

Je ne sais pas si, comme moi, vous souffrez de plus en plus de la qualité du français que l'on peut lire sur Internet. C'est quelque chose d'effrayant. Effrayantissime, même. Je n'ai pas l'impression d'en faire une croisade personnelle contrairement à certains qui ont assez d'humour pour sonner des cloches et nous faire rire. Mais il est vrai qu'il m'arrive de relever des fautes quand elles sont trop évidentes sur des forums, par exemple.

Est-ce parce que j'ai réussi l'exploit en 5ème d'avoir une moyenne de 21/20 en dictée grâce à des bonus (vous savez, la phrase en plus à la fin de la dictée qui rapporte un point si on l'écrit correctement) ? Est-ce parce que mon ascendant direct est un normalien d'Ulm agrégé de grammaire et de linguistique française (option lettres classiques) ? Est-ce parce que j'ai 3 professeurs de l'Éducation Nationale dans ma cellule familiale (une femme, une mère et une soeur) ? Parce que j'ai connu l'école primaire bretonne conservatrice dans laquelle le maître nous donnait de violentes claques quand on disait des conneries ? Parce que mes parents commençaient par m'en donner une autre si jamais je le leur racontais ?

L'ensemble de tous ces éléments peut-être ? Bon, peut-être. Mais je n'ai pas le souvenir d'un tel délabrement partagé par mes pairs de collège, à l'époque. Je suis bien placé pour savoir que l'orthographe et la grammaire peuvent se dégrader très vite si l'on ne les entretient pas. Quelques années de prises de notes à l'université ont eu raison de mon orthographe parfaite. Il fut un temps où mes relectures n'avaient pour but que d'affiner mes raisonnements, de lisser mon expression. Maintenant, elle comportent à ma grande honte une dimension orthographique. Et encore, les lecteurs assidus de ce carnet savent que certaines m'échappent encore. Mais il y a des limites.

Et je ne parle pas des subtilités de la langue française qui échappent à la majorité, comme la locution "après que" qui devrait être suivie de l'indicatif (on devrait dire "après que je suis parti"), l'utilisation du terme "ceci dit" alors que c'est une contradiction ("ceci" annonce, on ne peut annoncer quelque chose qu'on a déjà dit, il faut dire "cela dit"), ces gens qui héritent de quelque chose au lieu de quelqu'un (on hérite un tableau d'une arrière grand-mère, le tableau ne transmet rien, lui), la confusion entre les verbes se rappeler, transitif direct, et se souvenir, transitif indirect (on se rappelle son anniversaire de mariage, on se souvient de la finale de la coupe du monde de rugby), etc.

Je suis un adepte du barbarisme, du néologisme et de la paronomase implicite et j'apprécie leur utilisation toujours subtile, à condition que ce soit recherché. C'est une sorte de jeu intellectuel entre celui qui écrit et le lecteur. Mon maître et mon guide : Raymond Queneau. Si vous avez lu Les fleurs bleues, vous savez ce qui me fait pleurer de rire.


Je suis abasourdi par la déliquescence orthographique ambiante. Un étudiant Bac+5 n'est plus pénalisé par une orthographe défaillante, fut-il ingénieur. Bon, ça dépend, il y a des limites à ne pas dépasser. On met en cause l'écriture par texto, le manque de lecture et d'autres maux qui, comme par hasard, ne sont du fait de personne en particulier. C'est l'évolution que veut l'époque, que voulez-vous. On préfère semble-t-il regarder la télé ou aller sur Internet plutôt que de lire.

Un nouveau pas est sur le point d'être franchi : la télévision qui a pour "cible" les 6 mois à 3 ans. J'ai du mal à croire que ce genre de truc passe toutes les étapes d'autorisation nécessaires jusqu'à la diffusion effective. Et ce malgré les alarmes tirées par les spécialistes de l'enfance, pour qui c'est un grave pas dans la lobotomisation de nos futures générations. C'est pas ça qui va favoriser l'amour pour la langue française.

La liberté d'entreprendre est terriblement importante, et ce n'est pas moi, qui vient de passer un an en Irlande à étudier le Business Management et la création-gestion d'entreprise qui dirais le contraire. S'il y a un créneau à prendre, un business à faire, il y a des chances que quelqu'un le découvre donc autant le faire soi-même. Mais il y a des limites, quelque part, et c'est bien en France que cette question devrait être prise en compte, avec notre culture cartésienne et notre État encore quelque peu interventionniste. Un peu d'éthique ne fait jamais de mal, et je ne vois pas trop qui d'autre que l'État peut encore le garantir. Dans certaines cultures modernes où tout est permis, force est de constater que... tout est permis, même le pire. Mais je n'ai pas obligatoirement un raisonnement synoptique, chacun peut y réfléchir (et c'est sans doute ce qui compte le plus). J'ai tout de même le sentiment qu'on a parfois besoin de cautions qui ont la capacité de recul qu'on ne peut pas avoir pour tout. Et ces cautions, qui d'autre que l'État peut en garantir le statut ?

Sans que ça en vienne à cette recommandation à peine croyable de l'Europe à l'attention des États membres : interdir la fessée. Les ex-soixanthuitards, dans vos étages à moquette profonde, il est temps de prendre votre retraite (à mes frais) au lieu de proposer de telles inepsies. Ah, ce serait beau si les enfants étaient des adultes qu'on pourraient traiter comme tels. Mais une bonne fessée vaut parfois mieux qu'un long discours, j'en suis la preuve bien vivante. J'ai appris plein de choses sans avoir besoin qu'on me fasse un dessin. À trois ans, énervé, j'ai osé traiter mon Papa de "con", mais je ne l'ai jamais refait. Et je me rappelle très bien pourquoi, je vous assure.

En France, on est censé être encore apte à réfléchir pragmatiquement, à s'opposer par exemple à une guerre en Irak quand on estime qu'elle est mal fondée et que ses conséquences seront bien plus graves que ce que l'on veut bien essayer de nous faire croire. Et ce genre de prise de position est confirmé dans sa justesse quand, quelques mois ou années après, les médias étrangers qui ont pris position se rendent compte qu'en effet, tout n'était pas exactement noir ou blanc.

Et ne venez pas me dire que tel chef d'État était de toute façon un dictateur, il est donc mieux pour "le monde" qu'il soit mort. C'est pas comme ça que ça marche, la géopolitique. Les ramifications des conséquences d'une telle décision vont très loin et sont trop nombreuses pour se réduire à cette argumentation simpliste, donc néfaste. Qui est satisfait de la poussée islamiste créée par le vide en Irak, franchement ?

C'est peut-être ça, les défauts du nouveau monde de la communication. De grands et nouveaux courants de pensée semblent se former et il paraît juste de leur attacher l'importance de leur couverture. Mais ça aussi, c'est simpliste comme raisonnement. Avec quelques fonds et éventuellement l'appui de personalités politiques assez stupides pour se laisser prendre, n'importe qui peut créer un nouveau courant de pensée qui imposera une idée qui aurait aujourd'hui pour étiquette d'être gravement abbérante, c'est devenu très facile quand on connait un tant soit peu les mécanismes d'Internet. "Oui, ma bonne dame, il est bien gentil, et puis de plus en plus de monde en parle et se pose des questions, donc c'est bien une preuve que quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas". Un peu, aussi, comme ceux qui votent pour la Lutte Révolutionnaire parce qu'il a une bonne tête, le facteur. "Mais non, il n'instaurera pas vraiment un régime trotskyste, voyons, et puis il ne sera jamais élu ! Mais j'ai quand même voté pour lui..."

Un exemple. J'avais été assez choqué quand, en 4ème, j'avais appris que certaines écoles américaines avaient décidé de supprimer les cours de biologie et de les remplacer par une doctrine selon laquelle l'évolution de l'Humanité avait commencé par Adam et Eve. C'est absolument absurde de tenir de tels discours, mais c'est d'une force imparable : c'est simple à comprendre. Cette théorie, appelée "créationnisme", admet que l'Homme existe depuis toujours, et réfute l'évolution des espèces telles que les très nombreuses études et preuves le démontrent.

Il est intéressant de constater que ce discours, dont l'origine se trouve chez les fondamentalistes évangélistes et qui prend une véritable forme de propagande (un peu comme tout ce qui touche aux évangélistes il faut bien l'admettre, vous n'avez jamais été abordé par des pèlerins-missionaires qui cherchaient à vous faire découvrir le Christ ?), est relayé par des fondamentalistes, musulmans cette fois. De superbes livres ont été envoyés aux universités de plusieurs pays européens dont la France, qui tentent de démontrer que l'homme a vécu (et se baignait) avec les dinosaures, et que l'évolution des espèces est une conspiration occidentale qui réfute l'action de Dieu dans la création.

Ma culture française, catholique et séculaire m'a appris que l'Homme est libre, et que s'il fait des conneries, eh ben il n'a qu'à les assumer plutôt que de tout mettre sur le dos de Dieu : la volonté qui est derrière l'acte compte au moins autant que son résultat. Et cette notion est inscrite dans les lois de la République : on sanctionne l'auteur d'une tentative de meurtre mais pas le conducteur qui a causé un accident mortel dû à un problème mécanique de sa voiture, par exemple.

C'est pratique, cela dit, si on n'est pas vraiment responsable de ses actes, si on peut les justifier parce que c'est Dieu qui les a ordonné ou inspiré. Dieu comme origine et non comme manipulateur, ça me va très bien. Alors Dieu qui a fait Adam et Eve, c'est une jolie histoire(*), mais ça reste une une métaphore, une façon dont les civilisations primitives se transmettaient des éléments qu'ils ne comprenaient pas. Non mais franchement, un serpent qui parle, vous avez déjà vu ça ? Si ça a existé et que ça a disparu, c'est quand même une régression flagrante de l'espèce, non ? C'est quelque chose que l'humanité sait depuis des siècles et l'Église catholique a eu à traverser assez de crises pour arriver à l'accepter, il y a déjà un certain temps.

(*) C'est Dieu qui vient de créer Adam et qui se rend compte que celui-ci s'ennuie terriblement, tout seul. Après avoir cherché une solution, il va le voir et lui dit : "Écoute, Adam, si tu veux, je vais créer un être féminin qui sera ton double tout en étant ta moitié, qui aura une intelligence exceptionnelle, qui sera douce et pleine de tendresse et avec qui tu pourras passer ta vie dans le bonheur. Pour cela, il faudrait que tu me donnes un bras". Adam, intéressé, y réfléchit longuement, puis finalement répond à Dieu : "Écoute, Dieu, c'est d'accord, mais tu me ferais quoi pour une côte ?"

Je me rappelle un soir où deux jeunes missionnaires ont frappé à la porte de ma collocation. Ils venaient du Nouveau Monde pour passer un an à convertir les Versaillais qui n'avaient pas encore vu la lumière, enfoncés qu'ils sont pour la plupart au fond de leur trou culturel d'un catholicisme tendance traditionnel. Un an aux frais de leur communauté soucieuse que la Vieille Europe s'éclaire. Ils ont eu du mal à répondre à certaines de mes questions et j'ai trouvé leur argumentation très faiblarde. En gros, ils essayaient de nous vendre qu'un type avait trouvé, dans les proches environs de 1900, des tablettes gravées et enterrées là à l'époque de Jésus, alors qu'il creusait dans le fond de son jardin. Ce qui leur donnaient une légitimité bien plus importante que les textes de la Bible puisqu'ils avaient été traduits qu'une seule fois, donc moins susceptibles d'avoir subi des erreurs de traduction.

- Ah tiens, c'est intéressant... comme ça vous avez la preuve que le Nouveau Monde était déjà connu à cette époque, c'est chouette... En revanche, vous pouvez m'expliquer comment un type de cette époque a pu écrire en anglais moderne ?
- C'est ça, le mystèwe ! C'est ce qui m'a poussé à me convewtiwe, à wencontwer le Chwist ! Nous avons chez nous les écwits des pwophètes qui vivaient en Améwique il y a plus de 2.500 ans, as-tu la fowce de l'accepter, es-tu pwêt à avoiw la foi ? Mais ce que je veux diwe, c'est que que tu dois absolument compwendwe que tu dois te méfier des intewpwétations qui ont fowcément été falsifiées paw deux mille ans d'histoiwe, simplement pawce qu' que l'on peut faiwe diwe n'impowte quoi à des textes. C'est logique.
- Oui, je viens juste d'en prendre conscience, merci !
- Mais pouw les tablettes de Joseph Smith, on ne peut pas remettwe en cause les pweuves matéwielles. Ça, paw exemple, c'est un cwayon et tu ne pouwwas pas dire autwe chose. C'est comme ça.
- Mais si, je peux : c'est du bois et du graphite. Tu sais pas ce que c'est qu'un Jésuite, toi, hein ? Sinon, j'espère que vous aurez le temps de visiter Paris ?

Le prosélytisme, ça m'énerve. Parce que ça ressemble de très près à un manque d'éducation et de respect envers l'intelligence de son prochain. Faut du culot pour aller chez les gens leur expliquer que leur religion, qui n'existe que depuis 2000 ans, fait preuve de problèmes d'interprétation mais qu'heureusement, Superman est là avec son badge, son chapeau noir et son accent de l'Utah pour nous remettre dans le droit chemin, grâce aux illuminations d'un gourou qui faisait des trous dans son jardin il y a une centaine d'années. Remarquez que je ne les ai pas foutus dehors à grands coups de rangos dans l'awièwe twain et moi, ben je prends ça pour une preuve d'ouverture d'espwit de ma part. Mais les Mormons sont des enfants de choeur par rapport à d'autres.

Et je ne dirai pas ce que je pense du système fiscal américain qui permet de larges économies d'impôts quand on crée son "église". Non, ce n'est pas un élément qui pousse à créer son propre courant religieux. D'ailleurs on ne compte pas beaucoup plus de 500 "églises" là-bas.

Alors, le fondamentalisme est-il une étape nécessaire dans l'histoire d'une religion ? Est-ce encore acceptable à notre époque, et est-ce moins acceptable maintenant plutôt que dans les temps sombres du Moyen-Âge ? Pfff... de longues discussions et réflexions pourraient suivre ces trois questions...

Ça ressemble fort à de l'obscurantisme, cette histoire de créationnisme. Mais le pire, c'est que cette théorie trouve un écho dans nos sociétés européenne malgré notre bel héritage des Lumières, comme l'explique cet excellent dossier dans le dernier Science et Vie. Les théories de la conspiration, c'est intéressant, surtout quand elles poussent à réfléchir. C'est, finalement, une sorte de gage que l'on ne se fait pas endormir par des gens sans vergogne qui en ont le pouvoir. C'est aussi une garantie, finalement, que les gens ont les outils pour maintenir une forme de démocratie dans leur pays, puisqu'ils ont accès à ce genre de réflexion et ont le droit de les exposer. Parce que si l'on ne peut pas remettre en cause un pouvoir, on n'est tout simplement plus en démocratie. La liberté de la presse en est l'un des meilleurs exemples.

Mettre toutes les théories qui remettent en cause une forme de pouvoir quelle qu'elle soit dans un seul et même panier, c'est pas très intelligent, simplement parce qu'il y en a de plus tordues que d'autres et il s'est déjà avéré que certaines n'étaient pas si infondées que ça. Dans le cas de l'évolution, on peut remettre la théorie de Darwin à plat et tenter de la remettre en cause (c'est me semble-t-il un principe fondamental de la recherche), mais estimer qu'on ment à la population mondiale depuis plusieurs siècles en lui faisant croire que l'Homme n'est apparu il y a 10.000 ans seulement alors qu'il serait sur terre depuis des millions d'années... Pourquoi donc n'aurait-il su fonder des civilisations que depuis quelques milliers d'années seulement ?

Le problème pour moi se situe au niveau de l'école. Si l'on n'apprend plus à réfléchir quand on est à l'école, on ne sait pas réfléchir une fois sorti. Il n'est pas bon ton de dire que la formation des formateurs n'est pas toujours réaliste, qu'elle est souvent faite par de grands théoriciens qui n'ont pas mis les pieds dans une classe depuis des siècles. Quant aux programmes... Bon sang, nos parents, à leur époque, faisaient du Latin avant d'entrer en 6ème et il n'était pas question de faire des fautes d'orthographe à leur arrivée au collège. Et ça convenait à tout le monde. Ça veut dire que c'est possible, non ?

Ah, ma bonne dame, la télévision, Internet, les essemmesses...

Mais on n'est pas plus cons qu'eux, quand même !


23 nov. 2007

Google tout-puissant

Qui en doute ? Avec plus de 60% du marché des moteurs de recherche et le premier concurrent (Yahoo) qui n'atteint pas les 25%, il est difficile de remettre en cause cette suprématie.

L'algorithme créé par les deux fondateurs de Google est terriblement puissant. À un point dont peu de gens ont conscience. Pire, il n'est pas toujours évident de se protéger des attaques pirates dont les outils sont fournis par le moteur de recherche. Si vous avez une ouèbcame par exemple, n'oubliez pas de protéger son accès par un mot de passe et un identifiant. Sinon n'importe qui pourra y avoir accès en faisant une recherche un peu évoluée. J'ai moi-même été un peu surpris de pouvoir prendre le contrôle de caméras de surveillance dans un laboratoire de chimie américain, dans un appartement japonais (et faire peur à un chat), dans une usine je-ne-sais-où, sur une plage en Australie... Je viens de trouver une page qui liste un certain nombre de mots-clef pour accéder à ce genre de résultats, ce sera un peu plus simple pour vous faire une idée.

Petite analyse et explication. Par exemple, l'un des premiers mots-clef proposé est "inurl:ViewerFrame?Mode=Refresh". "Inurl:" veut dire que l'expression que l'on recherche est dans l'URL, dans l'adresse. Ici on recherche une page qui propose une image (viewer) dont le contenu est réactualisé (donc une vidéo).

Si l'on recherche un site (par exemple http://eirederien.free.fr) dont on connait une partie de l'adresse (par exemple "eirederien"), il suffit de faire une recherche "inurl:eirederien" dans Google pour tomber sur ça : la liste de toutes les adresses internet qui comportent le terme "eirederien". On y trouve tous mes articles ainsi que tous les sites qui référencent l'Eire de rien.

Mais les gens ne mettent pas que des pages html, css ou php sur leur serveur. Ils mettent aussi des fichiers Microsoft Excel avec des listes de mots de passe par exemple. Donc une recherche dans le genre "filetype:xls username password" est pleine d'infos intéressantes. Tout n'est pas à prendre, mais tout n'est pas à jeter non plus si l'on cherche des données sensibles non protégées.

Microsoft "offre" des mises à jour de sécurité parfois plusieurs fois par semaine. Un plus gros tous les premiers mardi du mois, connu sous le nom de "Tuesday patch". C'est maheureux, mais c'est nécessaire. Par exemple le logiciel Microsoft Frontpage est connu pour nous faire facilement de beaux sites sans avoir aucune notion de code. Eh bien Google permet de trouver facilement les pages de mots de passe générées par ce logiciel et qui sont mises sur internet par ceux qui, justement, n'ont pas de notions poussées en informatique. Une recherche qui donne ces données sensibles : des mots de passe de sites créés avec Microsoft Frontpage.

Je tiens à insister sur le fait que cette recherche peut être faite par tout le monde. Il s'agit d'un soucis d'information de ma part, non d'un guide de piratage. Je pense que Microsoft a corrigé cette erreur inadmissible, mais vu le nombre de résultats que donne cette recherche il semble que tout le monde n'a pas mis à jour son site fait avec une version non sécurisée du logiciel. Je vous laisse faire la relation entre les patches de sécurité de Microsoft Frontpage et ceux de Microsoft Windows. Moi, je m'en fous, hein. J'ai accès à plus de 70.000 logiciels gratuits et open-source, c'est à dire dont le code est et peut être vérifié/complété/amélioré par des dizaines de milliers de codeurs dans le monde. Et puis je ne crains pas les virus puisqu'ils ne peuvent pas exister sous Linux.

Heureusement, un Service Pack 1 pour Vista est prévu pour février 2008, mais surtout pour "plus de sécurité". Brrrr.

Encore un exemple : si vous voulez avoir accès à des mp3 que des particuliers mettent sur leur propre espace internet, il suffit de le chercher. Il est bien entendu illégal de faire un clic droit et de faire "enregistrer sous", à moins d'avoir déjà acheté un exemplaire de la chanson que l'on télécharge. Si vous avez l'intégrale de Nirvana et que vous voulez, je sais pas, la mettre sur votre ordinateur sans perdre du temps à l'encoder en mp3, il vous suffit de faire cette recherche pour trouver votre bonheur. Si les premiers liens ne sont pas les bons, il faut essayer les suivants.

Je peux vous dire que j'en apprends tous les jours sur la résolution de l'écran, la vitesse de connection, la version flash installée, le navigateur internet, le fournisseur d'accès (etc.) de mes lecteurs. Celui qui croit qu'il peut soeurfer sur internet incognito se trompe jusqu'au coude. Tout est inscrit dans le Grand Fichier, à commencer par son adresse IP, vous savez, ce chiffre bizarroïde qui permet à la police de retrouver les trafiquants de mp3 et de films.


Un autre outil intéressant proposé par Google : le Google Trends (les tendances de Google). On peut comparer le nombre de recherches faites sur plusieurs mots, comme par exemple Ubuntu et Microsoft Windows Vista, ou Ubuntu et Microsoft Windows XP. On peut s'amuser à faire de jolis dessins, ou constater que l'Égypte est championne du monde de la recherche du terme "sex", alors qu'en comparaison le Pérou préfère rechercher du "porno". J'imagine qu'on peut en apprendre de belles sur la socio-psychologie d'un pays. Notez l'une des limites de l'outil qui propose des liens vers des articles de journaux traitant des mots recherchés. Comme si le fait qu'un officier d'État américain qui aurait une relation avec une prostituée serait la cause de recherches plus fournies dans le monde sur le terme "sex" lui même.

- Tiens, chéri, j'ai lu un article très intéressant dans le journal, mais je voudrais être sûre de bien comprendre, je vais chercher des informations supplémentaires sur Google et je reviens dans dix minutes.


D'autres choses sont étranges. Dignes révélatrices que certains bugs peuvent exister dans le moteur de recherche. Qui croirait en effet à cette brusque interruption dans l'intérêt que l'on porte légitimement à la fourchette ? Pire, personne n'aurait cherché ce qu'est une fourchette avant le milieu du premier trimestre 2005 ??

Il est toujours flatteur de voir ça. Mais la courbe bleue est bien étrange avec ces pics de recherche en plein milieu d'année... Voyons, quelle pourrait en être la cause ?

Ah mais oui, bien sûr ! Ne cherchons pas plus loin, cette explication est suffisante et la corrélation est certaine.

16 nov. 2007

Régime spécial

Un peu d'humour dans ce monde de brutes... Ah non, c'est l'inverse... Tiens ça me fait penser à ce pauvre étudiant syndiqué ou presque qui expliquait avec de grands gestes intimidants, devant les caméras du journal télévisé à un anti-bloqueur-de-fac que le vote à bulletins secrets était anti-démocratique. Il est loin le temps où l'université française formait des anti-cons. Et pour quoi toute cette agitation, au fait ? Pour une loi votée il y a plusieurs mois, dont le but est d'enfin chercher à retrouver un équilibre moins menaçant pour l'avenir de la France.

N'oublions pas que 11% (*) des diplômés de l'université sont toujours au chômage après trois ans ! Tout va très bien. La France forme quelque chose comme un quart des psychologues de l'Europe, mais il n'y a qu'un travail pour 5. Cherchez l'erreur. La solution est très simple : plutôt que d'envoyer sciemment tous ces étudiants au casse pipe, il faut réduire le nombre d'inscriptions dans les filières diplomantes de l'ANPE. C'est quand même fou qu'on ose s'attaquer à cette solution au nom de la liberté.

Ah ben oui, pour la plupart des filières, ce sont les entreprises qui donneront leur avis. Mais ça ne met pas en cause la liberté de la fac, et ça ne la met pas "sous la dictature de l'entreprise" comme je l'ai entendu. Ça sent fort le refrain-amalgame d'extrême gauche qui ferait semblant d'oublier que le type d'entreprise le plus répandu en France est l'artisanat.

Et quelque part, il va falloir comprendre que le marché du travail, bah c'est quand même un peu l'entreprise qui embauchent, donc c'est à peu près normal que les besoins de l'entreprise soient pris en compte.

À l'exemple de la droite décomplexée de Sarko, on dirait que le principe s'étend avec l'étudiant décomplexé qui ose se regrouper et affronter ses camarades anarchistes qui bloquent les universités. Puis l'usager décomplexé qui ose ne pas soutenir un mouvement dont le but est de maintenir des régimes trop spéciaux, dont tout le monde connait l'anachronisme et l'inégalitarisme. Allez, y a pas que dans le public que le travail est dur. Et qu'on me parle pas de nivellement par le bas. Merci, mais s'il faut réformer ce système de retraites, c'est bien parce que les générations futures (dont moi) ne pourront pas les payer à nos parents. De mon point de vue, le nivellement par le haut c'est justement réduire ces retraites qui sont parties pour durer des dizaines d'années.

Merci la bonne conscience envers ses enfants...


Ici, Steven Seagal, l'acteur de films d'action américain qui ne connait que deux expressions de visage (content - pas content) est pour cette séquence pas content à cause des grèves.

Quand une perle mérite de circuler. Non, pas en train, pas en bus, pas en métro pisqu'y en a pas. En tout cas, dimanche, il y a manif à 15h. Bah oui, à pied.





Regime special
Par Mozinor


(*) ajout du 18 novembre : les chiffres entendus à France Info étaient corrects. Je vous invite à lire cet excellent article sur les chiffres, symptômes et maladies de l'université française que je viens de trouver sur cette page. Écrit par Michael Texier, maître de conférence en physique à Marseille.

10 nov. 2007

Petit délais

Pour cause de rapport de stage à finir fissa avant le 14, je dévoile le sujet de mon tutoriel (toujours en préparation, il y a des priorités qui peuvent attendre):

Une capture d'écran qui en dit déjà long !


Et le pire, c'est que c'est tout simple à faire. Pour les impatients, je vous invite à faire un tour sur le site PlayOnLinux, à le télécharger (c'est pour Linux, hein) et à l'installer. Oui, installer Microsoft Office sur Linux (sur Ubuntu 7.10, Gutsy Gibbon c'est simple en tout cas), c'est intéressant. Il reste bien le problème du VBA à règler pour Excel, mais je pense que je vais pouvoir continuer à m'en passer.


Pour les puristes qui disent que l'équivalent de Microsoft Office existe en libre et en gratuit (OpenOffice, pour Windows et Linux), je précise que je suis au courant, mais que pour des raisons de compatibilité, beaucoup d'utilisateurs de Windows ne veulent pas prendre le risque. Il y a quelques détails qui font qu'il n'est pas encore possible pour tout le monde de se passer de la suite monopolistique. Par exemple, je me vois mal expliquer à mon prof de finance structurée, en plein amphi, que c'est bien joli Excel, mais qu'il serait sympa de nous faire travailler sur des documents ".ods" en format libres plutôt que sur des ".xls" en format propriétaire. Il a beau être très intelligent, je crois qu'il ne comprendrait pas. Du tout. Il me dirait quelque chose dans le genre : "pourquoi, puisque c'est ce que tout le monde utilise ?" et là on serait parti sur une discussion philosophique sur le fait que faire comme les autres, les moutons, tout ça, le MicroSoft Dirty Operating System (MS-DOS pour les intimes), la vente liée, la rente illégale de Microsoft à chaque vente d'un ordinateur, la liberté comme droit fondamental de notre démocratie, le non-sens juridique qui oblige l'acheteur d'un ordinateur à accepter une license qu'il ne peut lire qu'en ayant... allumé l'ordinateur et par là même... accepté la license...

[Ma soeur a reçu son nouvel ordinateur portable, avec malheureusement Vista dessus. J'ai fait l'ouverture. 7 redémarrages avant de pouvoir apercevoir le bureau. Que fait la police.]

Mais mon prof aurait le dernier mot : "Sortez".

J'ai toujours envie de lui dire "vous vous plaignez de la nouvelle présentation de Office 2007, mais dans ce cas pourquoi vous ne repassez pas à la précédente ? Et pourquoi vous ne changez pas de logiciel ?" mais là encore, pour de nombreuses personnes il est préférable de rester sur ce qu'on connait, même si on ne le connait plus, que de passer sur quelque chose qu'on croit ne pas connaitre. Ça s'appelle l'appréhension du risque ou de l'inconnu. Mais bon sang, que d'économies pourraient faire les entreprises si elles se mettaient à l'OpenSource...

Sauf d'après Microsoft, dont les études ont prouvé, statistiques Excel et présentation PointPuissant à l'appuis que le passage de Windows à Linux coûterait de l'argent alors que le passage de Windows XP à Windows Vista créerait des emplois...

Un fin analyste me disait que le fait d'utiliser un programme libre et gratuit peut être interprété comme un signe de mauvaise santé financière pour une entreprise. Ce à quoi je répond : ça dépend de comment on présente les choses. Si l'on dit qu'on change de logiciels pour passer sur du gratuit, c'est sûr, il faut virer le directeur markéting-communication (tiens, vlan, la porte). Mais on peut aussi dire qu'on passe à l'OpenSource pour tout simplement se débarrasser des virus, pouvoir développer soi-même le logiciel, pour sécuriser ses données (quand on ne sait pas comment un programme informatique est fait, il faut par définition se méfier : un virus est un programme informatique, vous savez ce que c'est qu'un backdoor ?), etc, etc.


Enfin je dis ça je dis rien, OpenOffice est plus proche de Office 2003 que ne l'est Office 2007, question présentation.

Ah, pendant que j'y pense, il y a des informations dans le monde qui ne font frémir aucun journaliste "parce que tout le monde s'en fout". En tant que rédacteur d'un carnet de bord électronique, il est de mon rôle de les faire connaître. Je vous invite à lire cet article édifiant (Steve Ballmer, c'est le type dont je vous montre une vidéo ici). Moi, ça me révolte. J'ai envie de crier quelque chose comme "Mais bande de trous du cul !!", mais ça ne serait pas très poli. La déclaration du Nigéria prouve quelque part que quelqu'un leur a donné les "moyens" de prendre cette décision. Et puis cette invention à la con. Y en a marre. Faire du bisenesse, c'est bien. Arnaquer les pauvres, même quand on joue le Robin des Bois en créant une fondation, c'est pas ce qui mène au Paradis.

Pourquoi, la Fondation Bill & Melinda Gates, au fait ? Pour occuper la retraite de Billou et de sa femme ? Ma qué crétino ! Depuis que les pays sous-développés se sont transformés en pays en voie de développement, on leur a collé une étiquette de marché potentiel. Et un marché potentiel, quand on fait du bisenesse, ça s'occupe par tous les moyens. Fondation pour le savoir : avec des ordinateurs munis de Windows, bien sûr. Ils s'occupent de la santé aussi.

Petit extrait de Wikipedia : "D'après le Los Angeles Times, la Fondation Bill & Melinda Gates aurait investi 423 million de dollars dans les entreprises ENI, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Chevron Corporation et Total. Ces investissements iraient à contre-courant des objectifs de la fondation, le Los Angeles Times citant dans un dossier de huit pages le cas du delta du Niger où la fondation lutte contre la poliomyélite et la rougeole et dans le même temps finance les entreprises pétrolières qui sont responsables d'une très grande partie de la pollution du fleuve et de l'air, à l'origine de maladies notamment respiratoires".

N'oublions pas que l'expression "tous les coups sont permis" se traduit en anglais par "All is fair in business". Je sais pas vous, mais moi je trouve ça symptômatique.

Je rajouterai une couche d'acide ironie en disant que d'un point de vue bisenesse, justement, je veux dire en prenant les oeillères d'un bisenesse-manne qui n'a pas d'autres chemises, dont le but dans la vie est de devenir l'homme le plus riche du monde par exemple, c'est assez logique et percutant. Vous voyez c'est ça qui me déstabilise un peu dans mes études, c'est qu'on apprend à réfléchir comme ça. La stratégie de Microsoft a toujours été la même : créer son propre cycle. Changer les formats à chaque nouvelle version d'un logiciel pour obliger tout le monde à passer au suivant est un exemple parmi d'autres. Toute morale mise à part, à quoi servirait une fondation contre la polio s'il n'y avait pas de polio ?

À rien.

Comment une entreprise qui fait de la lessive pourrait-elle engranger des bénéfices si tout le monde lavait son linge avec du charbon et de la soude ?

À rien.

Et c'est pas facile quand on vend des trucs chers et rapidement pleins de virus ou de plus en plus lents, alors que d'un autre côté se donnent des outils qui sont au moins supérieurs en qualité.

Je me répète, mais quand Microsoft fait vendre un ordinateur avec Windows, c'est le constructeur ou l'assembleur (et non Microsoft) qui installe Windows. En copiant depuis un disque générique. Imaginons un assembleur qui vend 1.000 ordinateurs avec Windows dessus, ça n'aura coûté à Microsoft que le coût du disque, quelques dollars. Vista se vend (mal) entre 230€ et 500€ en fonction des versions. Oui bien sûr, les coûts de recherche et développement... Mais Bill ne serait pas l'un des plus riches de ce monde si...

Rhôôôô, j'arrête, ok.


7 nov. 2007

De grandes nouvelles

Je suis muet depuis 3 semaines, d'abord à cause d'un mauvais virus (genre grippe aviaire sans les plumes) qui m'a bouché tous les orifices respiratoires, puis et surtout parce que je viens de passer une semaine en ermite dans les Alpes du Sud chez mes beaux-parents. Là-bas (auuu Conemarraaaa), une seule barre de réseau mobile, le réseau T88 (j'ai cru à un réseau italien, mais c'est un truc hybride pour les régions défavorisées en terme de population). Internet, ça sera pour quand Free déploiera le Wimax. Ah oui, tiens, en y repensant, j'ai un modem 56ko dans mon pc... Tant pis.

Une semaine à respirer de l'oxygène et à boire de l'eau de source, ça vous renfloue une santé de parisien frêle, crachotant et vitreux. Oui, sous un soleil de plomb, à 2.600 mètres, nous nous sommes gaussés en pensant à nos amis qui étaient dans le métro. C'est bon pour le moral, de se rendre compte qu'il y a pire que soi.


Pour moi, Internet est une source quotidienne d'information. Et là, en vacances, j'ai fait l'expérience de ne lire qu'un journal en plein milieu de semaine. En revenant, on ne parle plus des grèves des transports (pour les retraites, celles que je vais payer à des types qui seront à la retraite à 50 ans alors que je suis parti pour bosser jusqu'à 65), mais de la grève des marins pêcheurs. Le paradoxe français dans toute sa splendeur : on se plaint d'un euro trop fort, et on se plaint de la montée des prix du pétrole. Les deux en même temps, bien sûr, alors qu'il suffit d'ouvir un bouquin d'initiation à l'économie générale et de lire l'incipit pour savoir que c'est grâce à un euro si fort que le prix du pétrole ne monte pas autant que s'il était faible. D'accord, ce ne sont pas les mêmes qui grognent, mais ça prouve que les journaux à grand tirage sont d'un pessimisme professionnel. Pas capables de faire autre chose que de raconter les situations qui posent des problèmes.

Bref. Aujourd'hui Google nous fait parvenir une information de taille et je suis très déçu. Depuis le temps que la rumeur fait rage, je m'attendais à un téléphone portable proposé par cette entreprise, mais elle se limite à nous sortir un système d'exploitation. Mieux que rien, mais je suis déçu. Et je m'explique, avec des exemples.

En France, nous avons la chance d'avoir les meilleurs rapports qualité-prix dans l'Internet, information qu'il faut aller chercher à l'étranger (cf. la transmission des informations pré-citée). En Irlande, on nous proposait un très compétitif 3Mo pour 70€, limité à 10Go de transfert. Sans téléphone ni télé, non mais vous vous croyez où ? Au Paradis ?

En Nouvelle-Zélande, même topo. J'ai raconté mes déboires de la limitation à 3Go de transfert sur ce site même. Et tout ça, en France, pourquoi ? Parce qu'une entreprise a foutu un sacré coup de pied dans la fourmilière, j'ai nommé Free. En proposant un tarif unique de 30€ par mois, elle a obligé tous ses concurrents à s'aligner, quitte à rester, agonisant, sur la ligne de départ.

Je ne veux bassiner personne avec des pseudos cours d'économie, mais pour arriver à ce tarif, ils ont du faire de sacrées coupes dans les coûts. Tout abonné à Free qui a eu affaire avec le service clientèle de l'entreprise sait de quoi je parle. Je me rappelle avoir été balancé entre 3 différents services (commercial, technique, whatever) pour régler une question très basique, et n'avoir jamais eu que des gens au fort accent étranger incapables de comprendre ce que je demandais. Tunisie ? Inde ? Je n'ai pu le déterminer. Free est d'ailleurs la seule entreprise qui fasse encore payer le temps d'attente sur leur hautelaïgne. Mais on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière, comme on dit sauvagement dans l'armée.

J'ai eu un doute affreux quand j'ai appris que Free avait été recalé pour l'obtention de la 4ème licence mobile. Parce que j'ai appris en cours de stratégie comment on conserve un monopole. Ça se fait à grands coups de chèques avec plein de zéros. Free en opérateur mobile ? C'est la mort de vaches à lait pour trois entreprises bien implantées dans le marché du mobile que je ne citerai pas. Des marges réduites qui donnent des textos quasiment à prix coûtant (3 ou 4 centimes). Il faut amortir l'installation d'antennes, par exemple, ce qui justifie un certain prix du forfait. Mais il y a différentes façons de répartir les charges, pas seulement sur le prix demandé aux clients.

L'un de mes professeurs de première année (coucou, Laurent) nous avait fait un cours fort intéressant sur la question : si les tarifs des trois opérateurs sont à peu près équivalents et peu concurrentiels (une offre meilleure de l'un sur tel forfait retrouvera l'équilibre dans l'offre d'un autre sur un autre forfait), c'est que chacun est satisfait de sa part de marché. En gros, changer l'équilibre actuel revient à préparer la guerre, ce qu'aucun des trois est prêt à faire puisque les bénéfices sont déjà fort intéressants, et que la guerre, ça coûte des sous. C'est véritablement une situation de quasi-monopole, où très peu d'acteurs agissent (en se concertant ou non) pour maintenir leur position sans menacer les autres.

On retrouve d'ailleurs cette situation de quasi-monopole dans la lessive. Pour paraphraser mon professeur de Stratégies, "tout le monde sait faire de la lessive à commencer par nos grands-mères, il suffit de charbon et de graisse pour faire de la soude". Diable, il n'a pas tort. Dans l'exemple qu'il donnait, l'entreprise française "Le Chat" voulait, fort de son trésor de guerre amassé avec le reconnu et historique savon de Marseille, entrer sur le marché très fermé de la lessive. Là aussi, 3 grands acteurs pour un produit ne nécessitant pas de recherches très poussées, d'autant que Le Chat avait déjà un savoir-faire avancé dans le domaine. Le principe classique : utiliser le trésor en publicité, puis récolter les fruits des ventes dans un deuxième temps. Pour être très schématique, le niveau des caisses de l'entreprise devait suivre une sorte de courbe de Gauss à l'envers, en forme de "U" : on dépense d'abord jusqu'à un certain point, on ramasse ensuite. Argument phare de Le Chat : une lessive écologique, surfant sur l'excellente légitimité du savon de Marseille chez la "ménagère de moine de 50 ans".

Mais les stratèges étaient meilleurs chez les acteurs déjà présents. Ils ont simplement attendu que Le Chat soit endetté jusqu'à la lie pour que sorte (tiens, comme par hasard au bon moment) un rapport disant que finalement, les lessives Le Chat étaient aussi polluantes que les autres.

Les ventes n'ont pas décollé comme prévu, et Le Chat n'est plus français, incapable de rembourser le passif, ce qu'ils comptaient faire avec les ventes prévues.

Pour la petite histoire, vous noterez comme moi que les publicités sur les lessives suivent un cycle très bien rodé. Chaque acteur fait son matraquage pendant quelques semaines, puis c'est le suivant, puis le troisième, etc. C'est un partage éhonté des coûts de publicité. Parce que ce qu'on retient, c'est surtout que la lessive, c'est compliqué, avec plein de produits chimiques qui sortent de laboratoires, pour laver encore plus blanc. Ça a une forte image de produit qu'on ne peut pas inventer sans avoir des ressources très importantes. C'est on ne peut plus faux.

C'est comme le dentifrice : est-ce que le nouveau qui sort et qui est censé rendre les dents plus blanches veut dire que le précédent n'était pas, en fait, si performant ? Pourtant il était encore plus performant que le précédent. Pour rendre les dents blanches, rien de tel que... du charbon et du bicarbonate de soude. Moins de 1$, dit ce monsieur (le dernier dentifrice que j'ai acheté m'a coûté plusieurs euros) :





On peut aussi penser au fameux exemple de stratégie markéting chez les fabriquants de rasoirs. Je suis le premier à dire que c'est plus agréable d'utiliser un rasoir à 3 lames plutôt qu'à 2. Mais 4 ? Mais 5 ?? Mais avec un vibromasseur intégré pour exciter le poil et pour qu'il se redresse ? Pourquoi pas de petites lumières qui clignotent tant qu'on y est ? Ah, ça existe déjà ???

Je disais un jour en rigolant que les beaux dessins qui montrent la coupe du poil par le rasoir à 3 lames prouvaient qu'ils rasaient moins bien qu'un rasoir à 2 lames : quand on a 3 lames, apparemment, une lame ne coupe plus qu'un tiers du poil au lieu de la moitié...


Le principe de concurrence est pourtant fondamental. Et ce même si les journaux n'ont tendance qu'à relever l'avenir sombre des gens qui voient leurs entreprises se délocaliser, car les pays occidentaux sont incapables pour différentes raisons de concurrencer des pays en voie de développement sur le plan de l'industrie manuelle. Je suis souvent agacé par des discours de journalistes qui nous disent "vous vous rendez compte, dans ce pays où la démocratie est à peine installée, la vie de ces pauvres gens ? Ils ne gagnent que 30 dollars par mois !" Parce que le litre de lait coûte 2€ là-bas comme ici, peut-être ?


Le cafouillage qui a assorti l'annonce de non attribution de la 4ème licence à Free est symptomatique. Mon doute affreux venait du fait que ça ressemblait franchement au rapport d'experts sur la qualité de la lessive Le Chat. "Free n'a pas la 4ème licence mobile, parce que, euh, ils promeuvent le piratage informatique. Euh non, disons qu'ils le facilitent" -"Mais qu'est-ce qu'elle raconte, celle-là ? Elle prouve qu'elle ne connait rien au dossier !" -"Bon, on s'est mis d'accord, c'est finalement parce qu'ils n'ont pas voulu payer la licence en une seule fois, ils y tiennent à cette licence, mais ils n'ont pas lu les conditions d'attribution jusqu'au bout"...

Le chocolat est dans le papier alu.


16 oct. 2007

Dell(it) d'initiés

A grand renforts de publicité dans les milieux autorisés, Dell a annoncé suivre l'avis des internautes. Comprendre leurs attente. Ecouter leur suggestions. En bref, leur donner de la considération. Parce que eux, ils sont plus proches de nous. Plus proche, encore. Aïe ! T'es con ou quoi ?

En effet, dans un sondage auprès des clients dans le genre "ce que vous voulez qu'on fasse pour améliorer notre service, si tant est que ce soit possible" ou "dites-nous, et nous ferons", la demande s'est révélée aussi inattendue que très forte pour des ordinateurs neufs pourvus de Linux et non du payant Windows. Ca me fait marrer, ces gens qui font appel à la popoulassionne sans avoir imaginé au préalable quelles pourraient être les réponses. Ca me rappelle quelque chose.

Parce que Windows est payant, parce que Linux est mieux, parce que c'est la loi d'avoir le choix, pasque y en a marre sinon on fait grève, bref tout le monde avait des arguments plus ou moins valables.


Alors je fais un tour sur le site de Dell, à cette adresse. "A la demande générale, Ubuntu est arrivé". Ça commence bien, c'est beau de générosité. On ne pourra plus se plaindre de se voir imposé la taxe Microsoft quand on veut acheter un PC. Sauf que le discours prend très vite un autre ton, qui ne doit pas tout à fait être du goût de Canonical, la société qui fabrique Ubuntu. C'est même tellement étrange qu'on se demande s'ils n'ouvriraient pas un parapluie pour conserver leurs accords avec Microsoft. Pour les deux du fond, Ubuntu a été créé POUR le débutant en Linux, voire le débutant en informatique tout court. Et il s'en sort plus que bien (mieux que d'autres) comme l'a prouvé une expérience sur des grands-mères qui voulaient se mettre à l'informatique.

Mais voilà ce qu'on trouve dès la première ligne :
"Nous sommes heureux d'offrir aux utilisateurs avancés et férus de technologie un nouveau système d'exploitation open source".

Qu'est-ce que-t-il de quoi plaît-il ?
Moi qui ait fait malgré moi un peu de markéting, je sens tout de suite l'essai de prise de contrôle de l'inconscient, pas vous ? C'est quoi, un utilisateur avancé ? Avancé par rapport à quoi ? Et pourquoi faut-il être féru de technologie pour prétendre à ce système, alors qu'il est fait pour les débutants ? Remarquez l'association subtile qui est faite entre ces qualificatifs et le terme "open source". Quelqu'un qui n'y connait rien aura du mal à dissocier tout ça, open source, utilisateur avancé, férus de technologie. En gros, si vous n'êtes pas sûrs de vous, ouh là, vous ne savez pas à quoi vous vous engagez. Courage, fuyez.

Mais ce n'est pas tout, il faut encore franchir une barrière :
"Le principal élément à retenir est qu'en optant pour un système open source, vous n'obtiendrez pas un système d'exploitation Windows®. Si vous êtes arrivé ici par erreur et que vous recherchez un ordinateur Dell équipé de Windows®, utilisez le lien suivant".

Vous avez bien compris, hein ? Allez, pour être sûr : "Windows®". Vos paupières sont lourdes. Et oui, "obtention" a une connotation de récompense, de quelque chose de mérité.

C'est une façon très étrange de faire la promotion d'un produit, non ? D'ailleurs c'était censé être une révolution, mais ils ne mettent même pas de lien depuis la page d'accueil. Il faut être demandeur, sinon on ne peut arriver par hasard sur la page proposant Ubuntu. Il y a bien quelques qualificatifs positifs approximatifs dans la suite du descriptif ("L'open source est généralement plus fiable et plus flexible, et bénéficie de mises à jour et correctifs plus rapides, le tout à moindre prix", heu, moindre prix, ça veut dire gratuit, il faut le deviner), mais le tout est pondéré de mises en gardes qui feraient fuir les plus téméraires : "si vous êtes un expert", "certains logiciels open source requièrent des connaissances avancées ou intermédiaires" (pas plus que sous Windows® ou Mac®), "ne pas être compatibles avec les mêmes logiciels et matériel que les systèmes d'exploitation Windows®"(oui, comme de entre XP et Vista, au pif)...


C'est terrible, un coup de communication comme ça. Parce que c'est présenté de telle sorte que la bonne volonté qui décide de s'intéresser à cette offre plie bagage tout de suite. En plus ça entretient la légende urbaine selon laquelle il faut un doctorat en exophysique binaire pour toucher à Linux. Ce qui doit faire les bonnes affaires d'un certain Bill. C'est fort étrange.

Enfin, et c'est le clou de l'histoire, les configurations proposées par Dell frisent le ridicule. Ou l'insulte. Soit il s'agit pour Dell de se débarrasser des invendus, soit ils font une énorme marge sur le système d'exploitation. A comparer deux configurations sous Ubuntu et Windows, Ubuntu est très souvent plus cher ! Mais comment est-ce que c'est-il donc possible ? -t-il ? Microsoft donnerait de l'argent à Dell pour qu'ils installent Windows ? Ou Dell essaie de profiter d'une niche pour faire une bonne marge, comme on l'apprend en cours d'économie en BTS ?

Ah tiens, je me penche par hasard sur un détail : la seule souris proposée pour une configuration avec Ubuntu n'a même pas de molette : deux boutons seulement. Et le clavier est qualifié sans complexes ni choix comme étant "d'entrée de gamme". Il n'est pas né, le jour où j'achèterai un ordinateur Dell, tiens. Bah oui, je suis comme ça, ça m'énerve quand on vous prend pour des imbéciles.


Je m'appelle Dell, je vends des ordinateurs et j'ai repéré que des clients voulaient avoir un produit qui ne me rapporte pas d'argent à la vente. En plus, j'ai des vieux machins
invendables dans mon grenier.

Amis pigeons, bonsoir.

Un gibbon courageux

Je fête la 50.000ème visite sur ce carnet par une très bonne nouvelle : la sortie imminente de Ubuntu 7.10, nommée Gutsy Gibbon.

Pour les anglophones : un article du New York Times au sujet de cette sortie.

C'est le moment de vérifier que vous avez un CD vierge à portée de main : dans 2 jours sort le Gibbon. Si vous avez entendu parler de Linux mais que vous n'avez pas encore testé ce que ça donne, laissez-moi vous rappeler le principe de cette distribution. Car les statistiques de l'Eire de rien sont claires et sans équivoques : 91,94% d'entre vous utilisez Windows, 4,50% un Mac et Linux plafonne à 3,44%. C'est beau, le monopole, mais c'est triste un peu, aussi.

Ubuntu ("je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous"), c'est un système d'exploitation (on dit OS, pour Operating System), comme l'est Windows. Mais certains n'hésitent pas à dire que l'analogie s'arrête là.

Linux est d'abord une philosophie selon laquelle l'informatique appartient gratuitement à tous et que les instruments informatiques s'adaptent d'autant plus aux besoins de chacun que tout le monde peut participer à leur développement. Et ça ne veut pas forcément dire qu'il faut connaître la programmation informatique, on peut participer en donnant son avis, faisant de la traduction, etc.

Mais comment ce système, qui met des logiciels gratuitement à disposition de tous peut-il être rentable pour les développeurs ? Eh bien il y a plusieurs sources de revenus possibles. La première est sans doute la plus simple, c'est de se faire sponsoriser par un milliardaire comme Mark Shuttleworth, le Sud-Africain rendu célèbre comme étant le premier touriste dans l'espace. C'est lui qui a lancé l'aventure Ubuntu, avec tout ce que ça implique d'ouverture aux non-initiés à Linux. Le monde de Linux, en effet, est comparable au Parti des Verts : on y trouve quelques fanatiques qui sont tellement persuadés du bienfondé de leur raisonnement qu'ils en sont intransigeants et finalement assez peu tolérants. Pour eux en gros, il faut "mériter" Linux, ce qui ne peut se faire qu'en transpirant pendant des mois sur du code, faire ses propres expériences qui débouchent obligatoirement sur des échecs, ce qui nécessite de la persévérance à toute épreuve.

Un milliardaire, ça ne se trouve pas comme ça. Certaines entreprises embauchent des développeurs pour créer des logiciels qu'elles mettent ensuite à la disposition de tout le monde. Ce sont donc des salariés. Ensuite, d'autres entreprises embauchent des développeurs qui ont fait leur preuves grâce à des logiciels qu'ils ont écrit : développer du libre est un atout important sur un CV, surtout si le logiciel créé connait le succès. En parallèle, il y a bien sûr le service après vente qui peut être payant, etc. Ce n'est donc pas uniquement le plaisir de travailler gratuitement qui régit le "monde libre" : tout le monde peut y trouver son compte. Sans compter la bonne image qu'une entreprise récupère à mettre des logiciels en libre service.

Ubuntu a été créé pour permettre aux non initiés d'utiliser Linux. Le temps du fameux écran noir sur lequel il fallait taper des codes sibyllins est donc une branche de Linux qui se réduit : on peut tout faire avec une souris sur Ubuntu (comme maintenant sur d'autres distributions). On peut même choisir son interface graphique (qui affiche le bureau, les icônes, l'accès aux paramétrages, etc.) entre KDE, Gnome ou Xfce. Il faut rendre à Bill ce qui appartient à Bill : c'est justement l'interface graphique de Windows qui lui a permis de se déployer avec autant de facilité puisque tout est bien plus facile avec une souris. KDE est assez proche de l'interface graphique de Windows : en bas à droite, on peut cliquer sur un bouton qui va ouvrir une fenêtre avec des raccourcis. Gnome est différent : on y trouve en général 3 onglets en haut à gauche (applications, raccourcis et système), qui organisent les accès aux différentes applications disponibles. Je ne connais pas Xfce pour ne l'avoir jamais essayé, mais son principe est de se débarrasser des éléments qui nécessitent un traitement lourd par l'ordinateur, il est donc plutôt destiné à des ordinateurs un peu plus vieux. Sans rentrer dans les détails, on peut installer à peu près toutes les grandes version de Linux avec Gnome ou KDE, ce qui fait qu'on n'est pas trop perdu quand on passe de Mandriva à Fedora ou Ubuntu, par exemple.

Mais revenons à notre Gibbon. Il va être disponible en Live-CD, ce qui est une pratique plus que répandue maintenant : il suffit de télécharger (gratuitement) un gros fichier (700Mio, ici pour la version "prête à être distribuée"), et le graver sur un CD. Mettre le CD dans son lecteur et redémarrer l'ordinateur, et c'est parti. Bien entendu, ce Live-CD ne touche à rien sur votre ordinateur, il n'y a absolument aucun risque de détériorer vos données. En revanche, vous pourrez trouver que c'est un peu lent mais c'est normal puisque le transfert de données se fait entre le CD et la mémoire vive de votre ordinateur et pas entre le disque dur et la mémoire vive (ce qui serait le cas si Ubuntu était installé sur le disque dur); un disque dur est bien plus rapide qu'un CD à la lecture. Mais je vous rassure, Ubuntu est, si vous voulez l'installer, très nettement plus rapide que Windows XP. Vista, n'en parlons pas !

Parmi les nouveautés, il y a la lecture ET l'écriture sur les partitions NTFS (Windows). C'est très important, car installer Ubuntu ne veut pas dire supprimer Windows. Je n'ai jamais supprimé Windows d'ailleurs, j'ai les deux sur mon pc et je choisis quel OS lancer au démarrage.

Ça veut tout simplement dire que si vous voulez installer Ubuntu sur votre pc (il suffit de cliquer sur une icône quand vous êtes sur le Live-CD), vous pouvez choisir de garder Windows et même de faire une partition supplémentaire sur votre disque dur sur laquelle vous mettrez vos données afin d'y accéder aussi bien depuis Linux que depuis Windows. Sur mon disque dur de 100Gio par exemple, j'en ai réservé 15 pour chacun des OS, et le reste à mes données (à peu de choses près car l'installation de Linux nécessite d'autres partitions, tout se fait automatiquement).


Quelques rappels quand même sur l'intérêt de Linux. D'abord, une structure Linux organise les données de façon très intelligente. Il y a d'un côté le système, et d'un autre les données. C'est imperméable, ce qui explique pourquoi il n'y a pas de virus sous Linux : même vous, vous devrez taper un mot de passe administrateur pour y accéder. Ce n'est pas gênant, ça devient la routine très vite surtout quand on sait le bénéfice que ça apporte. Car pas de virus, ça veut dire pas d'anti-virus, donc pas de programme qui tourne en fond et qui ralentit la machine d'autant.

Ensuite, toujours dans le même principe, il n'y a pas de défragmentation, car au lieu de remplir les trous à l'installation d'un logiciel, le système cherche un trou qui aura la taille du logiciel. Gain de rapidité énorme, pas de parte de vitesse avec le temps.

L'installation de nouveaux logiciels est simplissime. Il suffit de lancer un programme qui les liste tous par catégorie (par exemple jeux, bureautique...), cocher la case qui correspond au logiciel ou type de logiciel que vous recherchez, cliquer sur appliquer et l'installation se fait toute seule. Pour désinstaller un logiciel, même chose, sauf qu'il suffit de décocher la case. La mise à jour est elle aussi centralisée, elle se fait d'une seule fois pour tous les logiciels et pour le système, le cas échéant.

Rappelez-vous vos premiers pas sous Windows. Il fallait chercher quoi faire, apprendre les raccourcis, comprendre ce qu'il fallait faire. Linux est différent de ce à quoi on est habitué avec Windows, mais l'adaptation est terriblement plus simple : tout est logique. Et puis c'est tout plein de petits détails qui, on s'en rend compte rapidement, rendent la vie plus simple. C'est normal, vu le nombre de personnes qui y travaillent dans le monde.

La question qui fâche la communauté du "Libre", c'est le format propriétaire, c'est à dire une façon de coder les informations développée par une entreprise qui a déposé un brevet sur le code. Le plus connu serait le MP3. Puisque c'est un format propriétaire (donc non libre), il faudrait pour l'utiliser verser des droits à son propriétaire, or c'est à l'opposé de l'esprit du Libre. En contrepartie, il est difficile de rendre un OS intéressant pour le grand public si l'on ne peut même pas y lire un MP3, non ? La question est tranchée pour Gutsy Gibbon : les formats propriétaires ne sont pas installés, mais installables d'un simple clic. Exactement comme quand vous lisez un PDF sur Windows pour la première fois : il faut télécharger 2 ou 3 trucs une fois pour toute.

Si Linux a tant de mal à percer face à Windows malgré ses atouts, c'est d'abord parce qu'il n'y a pas le même budget publicité. Alors j'y apporte ma pierre, dans le bon principe de ce monde "Libre".


Plus d'infos :
http://www.ubuntu-fr.org/ (en français)
http://www.ubuntu.com/ (en anglais)

Et le test sympa d'un blogueur :
http://giz404.freecontrib.org/?2007/10/15/336-ubuntu-710-gutsy-gibbon-le-test


13 oct. 2007

Science de cuisine

Alors que mon cours de 5h de modélisation financière de ce samedi matin a été annulé et que la radio ne parle que de la demi finale de 2003 qu'on a perdue contre les All Whites, je surfe un petit peu sur l'un de mes supports favoris : YouTube.

Après avoir trouvé une vidéo conspiratrice selon laquelle il y a un consensus mondial de la part des scientifiques pour nous mentir sur la véritable nature de la Terre qui, comme l'auteur de la vidéo le prouve par une animation, passe son temps à grossir (la preuve, l'Amérique du Sud s'emboîte parfaitement dans l'Afrique de l'Ouest), après avoir rigolé de voir des fils transparents sur des vidéos où on est censé apprendre comment annihiler la gravité, je tombe sur des expériences faites sur la visualisation du son. Il s'agit d'une plaque de métal qui vibre en fonction d'une fréquence sonore donnée et sur laquelle quelqu'un jette de la farine. La complexité grandissante des formes à géométrie presque parfaite est extraordinaire :




Puis je tombe sur un mélange d'eau avec du "cornstarch", ou farine de maïs, voire Maïzena qui est une marque déposée. Pour les non anglophiles, il s'agit simplement d'un mélange farine-eau, secoué à différentes fréquences. La caméra est synchronisée avec ces fréquences, ce qui donne l'impression que le mélange ne bouge pas ou se meut lentement. Les trous sont faits avec de l'air soufflé grâce à une paille, et les résultats sont étonnants. Remarquez, à la fin, qu'il y en a un qui essaie de s'échapper sur la gauche :





10 oct. 2007

Un petit buzz

Le web est magique, avec ses communautés ouvertes à ceux qui en ont les clefs. Un effet qui, quand il est réussi, assure une couverture marketing élargie à peu de frais, c'est le "buzz". On imagine bien un essaim d'abeilles sur un pot de miel qu'on aurait oublié, ouvert, sur la table de la terrasse, des mouches bleues qui virevoltent avec excitation sur un résidu de colique canine, ou plus parisiennement un tas de pigeons idiots, malades et sales sur les miettes de pain que leur jette une vieille dame au Parc Monceau pour se donner un peu de poésie dans ses vieux jours.

Des buzz réussis sont par exemple ceux de Apple, qui en connait tous les principes et réussit son coup à chaque fois. L'iPhone, téléphone tactile sans (ou presque) options, se vend 4 ou 5 fois plus cher qu'un autre téléphone, simplement pour les beaux yeux de Steeve Jobs, le fondateur de la marque. Nokia avec son N95 tente de rattraper le coup à son compte en rappelant les capacités bien supérieures de ce téléphone, mais la sauce ne prend pas tant que ça. Microsoft fait ce qu'il peut, mais c'est pas parce qu'on loue la Défense pour y installer des projos de toutes les couleurs qu'on est pour autant capable de sortir un système d'exploitation correct. Ah pardon, c'est l'inverse, Vista est mauvais, c'est pour ça qu'il fallait mettre le budget publicité à la hauteur. Hem. Rassurons-nous, les Service Packs sont prévus pour bientôt, pour "plus de sécurité, plus d'ergonomie, plus de tout". Pour l'argumentaire, revoir ceux sortis à l'occasion des SP1 & SP2 de Windows XP. De toute façon, qui hésiterait à télécharger ces packs puisque sans eux, nous dit Microsoft, on court des risques de plein de choses. Installons ces packs, et on sera à l'abri jusqu'au lancement des suivants.

Bref, le buzz peut permettre de vendre un truc en détournant l'attention du client potentiel. Comme Aéro, l'interface graphique de Vista, dont (je sais, je me répète) le fonctionnement n'est correct qu'avec une machine qui n'est pas pour tout de suite. Et qui n'arrive pas à la cheville de ce que me fait mon Linux Fedora alors que je n'ai même pas de carte graphique. Le monde est injuste, tout de même.

Le buzz du moment c'est pour ceux qui suivent, c'est l'entreprise Hasbro qui l'a très bien réussi. Il s'agit de voter démocratiquement pour élire la ville qui prendra la place de la rue de la Paix dans une énième version du Monopoly. Mais laisser le bas peuple décider d'une question aussi grave mène forcément à de vils abus. Et Hasbro a dû changer légèrement sa politique marketing en cachant les scores des villes les mieux classées : un imbécile (ils se sont peut-être mis à plusieurs, en tout cas il y a même un site dédié) a lancé l'idée de voter en masse pour la ville de Montcuq, bien connue depuis le fameux squètche de Prevost. Ce vote stupide va mettre la direction marketing devant ses responsabilités : vont-ils effectivement tenir leur promesse ? Car la population de Montcuq semble avoir été multipliée virtuellement (officiellement 1.400 habitants), et elle était loin devant toutes les autres villes le dernier jour avant le masquage des scores : 56.412 voix contre 33.150 à Dunkerque et 27.726 à Perpignan. Comme le buzz ne devrait pas s'éteindre avant la fin des votes, il y a peu de chances que cette tendance ne se renverse. D'ailleurs pour prendre la mesure d'un buzz réussi, rien de tel qu'une recherche sur Google : 551.000 réponses pour l'expression "voter pour Montcuq" en ce moment.

Ah, on me fait signe que Hasbro ne révèlera les villes gagnantes que dans un mois. Le temps de dépouiller le vote électronique. Ou plus vraisemblablement attendre que le buzz s'éteigne, "on sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher". Un peu comme l'arbitre qui fait durer le match de l'Angleterre pour qu'elle puisse mettre son 4ème essai et prendre le point bonus, quoi.

Pour voter pour Montcuq, c'est facile, faites comme moi : allez sur le site, cliquez sur "ville joker", et indiquez "Montcuq", dans le département 46. Comme raison de mon vote, j'ai mis quelque chose comme "C'est ça, la France".


Et pour la route, Prevost dans ce moment d'anthologie bien grasse.