13 juin 2007

Je repars en hiver

Quelle poésie...

Il n'y a rien de plus émouvant que d'entendre un air d'accordéon quand, le regard perdu entre les nuages gris et la banlieue parisienne, les coudes posés sur une valise qui bouge au rythme des aiguillages, on s'apprête à quitter femme et patrie pour trois longs mois.


Je repars en hiver. Pourtant normalement, l'hiver n'arrive qu'une fois par an, non ? Après l'automne, l'hiver. Mais la grisaille de l'Irlande me manque, alors cette année j'ai décidé de faire hiver-printemps-hiver-automne, parce que.

Quand j'avais 3 ans, mon tout petit frère (ça change avec le temps) m'a rejoint à la maternelle. Comme tout grand frère qui se respecte, je me suis appliqué à lui expliquer les règles du jeu. Je lui ai dit, ce qui est resté dans les annales familiales, ces quelques mots : "tu sais, ce qui est important, c'est d'être le chouchou de la maîtresse". Depuis, malgré quelques virages (d'accord, dérapages) scolaires, je suis toujours resté dans la même ligne de conduite. Il faut dire qu'avec deux parents dans l'Education nationale, je n'ai jamais considéré les prof(-fesseurs !) comme autre chose que des êtres humains. Même si certaines gravures sur les tables du lycée m'ont bien fait rigoler, comme "si le lycée était un univers, la salle des profs serait la planète des singes".

Bref, entretenir de bonnes relations avec les gens autour de moi a toujours été très important.

J'ai gardé de bonnes relations e-pistolaires (par e-mail) avec mon prof de micro/macro-économie de première année d'école, qui a quitté sa chaire à l'ISCP pour un poste de consultant en Australie. Mon CV, relu et corrigé par lui-même, lui a plu, et de fil en aiguille m'a été donnée l'opportunité inégalable de faire ce stage de consulting à Sydney.

Ma mission se situe dans une entreprise Néo-Zélandaise, ce qui me permettra de faire un pélerinage sur la terre qui porte les meilleurs rugbymènes du monde (Ta-tanka ! Ta-tanka ! Ouuuu-ma-ga, Ouuuu-ma-ga !).

En revenant d'Irlande, j'ai pu me réadapter tranquillement au climat tropical parisien grâce aux gentils orages qui ont bien voulu nous claquer sur le coin de la figure pendant au moins deux semaines. J'ai appelé ça finement un "sas de dépression". Bah, temps pis, ici. "Il ne pleut jamais à Sydney", mon oeil. C'est pas grâve-grâve, me direz-vous, puisque je pars dans quelques jours pour la Nouvelle-Zélande, un peu plus au Sud. Oui, mais le Sud ici, ça veut dire le Pôle Sud, et c'est pas de la pluie mais de la neige que je vais avoir si ça continue.

Non, je ne me plains pas, je constate, c'est tout. N'empêche, j'espère bien pouvoir enfin regarder de mes yeux la Croix du Sud et la galaxie d'Andromède, si les nuages veulent bien repartir d'où ils viennent, au-dessus du Pacifique (oui, l'Océan Pacifique, comme dans les films). Depuis la rue ou depuis la chambre de mon hôtel, c'est difficile, puisque le CBD (Central Business Discrict) de Sydney, c'est la ville verticale. Horizon : des bureaux. On lève les yeux : des bureaux. On tourne la tête, des bureaux. Tiens, un arbre ! Moi je suis tout en bas, au 7ème étage.

Je rassure tout ceux qui aiment la littérature de haut vol, l'humour fin, l'exercice intellectuel (bref, les lecteurs avisés que vous êtes), puisqu'on m'a beaucoup posé la question : Oui, je continue à écrire sur ce blog, même si l'Irlande est déjà un chapître clos dans mes Mémoires.

- Et comment tu vas appeler ton blog ?
- Ben... L'Eire de rien... Aussie ! (*)


(*) Hem, on n'explique jamais les jeux de mots, mais Aussie, c'est juste le diminutif de l'adjectif "Australien". wink