Température au centre du Soleil : 20 millions. Température obtenue sur Terre il y a encore 2 ans : 200 millions. Température obtenue par hasard dans les laboratoires de Sandia, au Nouveau Mexique : 2 milliards de degrés. Pas le temps de faire cuire son poulet.

J'inaugure cette nouvelle rubrique par un sujet important : c'est ce qui va mener à une nouvelle évolution de l'Humanité d'ici 10 ans. Certains disent que ce sera l'équivalent de la découverte du feu. Mais je vais essayer de vous la faire genre vulgarisation scientifique.

Vous avez entendu parler de la fission nucléaire, où on fait éclater des atomes qui projettent leurs restes sur d'autres encore intacts, qui s'éclatent à leur tour sous la violence du choc. Cette belle trouvaille permet de faire des bombes (Hiroshima, Nagazaki), mais aussi de l'électricité avec des centrales nucléaires. On est confronté à deux problèmes : d'abord il faut raffiner de l'Uranium, ce qui est une technologie de pointe. C'est ce que va faire l'Iran et que les Ianquies ont reproché de faire à Saddam Hussein, vous savez, puisque Ben Laden avait envoyé des avions dans le WTC (vous avez oublié le rapport ? Non, ne cherchez pas, même la CIA ne le connait pas). Bon. Le second problème est que lors de la fission, les atomes explosés rejettent un méchant neutron, radioactif. Ca s'appelle de la pollution à très long terme, que l'on accepte parce qu'on imagine qu'avant la fin de vie de ces neutrons, l'avancée de la science aura trouvé un moyen de retraiter ces déchets. Que l'ont enfouit au fond des océans.

Vous vous rappelez sans doute aussi le "projet de société" ITER (qui va abriter pendant 50 ans des scientifiques Japonais près de la Côte d'Azur, grassement payés pour aller dans leurs piscines (il faut bien utiliser les 10 milliards que coûte le projet). Le but de ITER est de faire des expériences préliminaires dans la recherche de la fusion nucléaire. Avec peut-être des premiers résultats encourageants dans 40 ans, mais qui mèneront de toute façon (c'est prévu) à la construction d'un nouvel ITER, mais plus puissant (et plus cher). En un mot : c'est pas demain la veille que ce réacteur expérimental fera chauffer nos carottes. Mais c'était un beau projet jusqu'à Sandia.

La question qui fâche se pose quand on sait ce qu'on peut faire avec 2 milliards de degrés, qui sortent de façon stable et régulière dans les expériences de Sandia. Ce qui était impossible avec les 200 millions de degrés obtenus jusqu'à peu ne l'est plus dès 500 millions de degrés.

Avec 500 millions de degrés, on peut faire de la fusion nucléaire : lithium / hydrogène (Li7 + H1). Avec 1 milliard de degrés, on passe à la fusion Bore / Hydrogène (B11 + H1) qui sont là aussi des matières très très répandues sur la Terre. Le déchet qui en ressort ? De l'hélium. Avec ça je vous assure qu'on pourra gonfler des milliers de ballons pour le Paris-Versailles. Cela nous vaut d'ailleurs un excellent jeu de mot du Professeur Petit : on aura "le bore et l'argent du bore".

Coût du projet pour finaliser cette nouvelle fusion à portée de main : 1 milliard. Avec des résultats qui sont connus théoriquement depuis des dizaines d'années.

Enfin... Qui voudrait mettre en place un moyen de fournir de l'énergie quasiment illimitée à tout le monde ? Qui voudrait que les pays pauvres puissent bénéficier d'énergie sans plus avoir à concéder l'exploitation de leur pétrole aux pays développés ? On voit déjà que c'est très compliqué de passer du pétrole (cher, polluant et limité) à n'importe quel sucre de canne ou d'huile de tournesol, renouvelable, moins cher, etc. Le Brésil fonctionne beaucoup grâce à ce nouveau système, et sachez que Renault, bien implanté là-bas, fait déjà des millions de voitures calibrées pour rouler au vert. Mais c'est que l'équilibre des économies occidentales repose en grande partie sur cette matière première. Si on tire une ficelle, on ne sait pas vraiment ce qu'on va trouver au bout.

Alors l'énergie gratuite et illimitée, ça a beau être à portée de main, on préfère payer cher des expériences qui vont peut-être donner des pistes, dans 40 ans. Il en va de la grandeur de la France, Madame, au moins, ITER a été construit de haute lutte sur le territoire de Napoléon.

Pendant ce temps, à Washington, on fabrique déjà des jouets avec lesquels on va enfin pouvoir jouer, puisqu'il n'y aura plus de limite inférieure à la taille de la nouvelle bombe à fusion.

Lien intéressant si vous voulez en savoir plus